Jacques
Lemarchand est né à Bordeaux le 12 juin 1908. Après des études
secondaires au Collège marianiste de Grand-Lebrun, fréquenté avant lui
par François Mauriac, et à l’Ecole Fénelon à La Rochelle, il abandonne
ses études de médecine puis de droit. Passionné par la littérature, le
théâtre et le cinéma, il s’installe à Paris, au début des années 1930,
après avoir effectué son service militaire dans un régiment de zouaves
en Afrique du Nord. Jean Paulhan l’aide à publier ses deux premiers
romans (RN 234 et Conte de Noël, respectivement parus chez Gallimard en 1934 et en 1937), puis à la Libération deux autres romans (Geneviève et Parenthèse,
Gallimard, 1945). A la demande de Paulhan, il entre chez Gallimard en
1943 pour prendre la place de Drieu La Rochelle à la direction de la
NRF. Cette tentative
échoue mais Jacques Lemarchand reste attaché à la maison Gallimard comme
lecteur de manuscrits et directeur d’une collection théâtrale (« Le
Manteau d’Arlequin »). Sa collaboration ne prendra fin qu’à sa mort en
février 1974.
Rue
Sébastien-Bottin, il partage son bureau avec Albert Camus dont il
devient un ami très proche. Aussi quand à la Libération le journal
Combat sort de la clandestinité, Albert Camus demande à Jacques
Lemarchand d’y assurer la critique théâtrale. Ses articles furent tout
de suite remarqués pour leur indépendance, la sûreté de leur goût et
leur style vif et spirituel. En 1950, il entre au Figaro, puis au Figaro
littéraire où le directeur Pierre Brisson, lui-même passionné de
théâtre, l’accueille avec enthousiasme voyant en lui le porte-parole de
certaines de ses idées. En effet, à une époque où la critique théâtrale
est en grande partie tenue par des critiques assez traditionalistes
comme Robert Kemp au Monde et très peu ouverts au changement comme
Jean-Jacques Gautier au Figaro, Jacques Lemarchand représente pour les
auteurs nouveaux, les jeunes compagnies, les metteurs en scène
désargentés, les directeurs de théâtre exigeants ou les acteurs de la
décentralisation théâtrale un appui fidèle et actif. Pour tous les
hommes de théâtre, il tiendra le rôle d’une « conscience fraternelle
», selon Michel Corvin. Ainsi, le Grand Prix national du Théâtre – créé
en 1969 et décerné successivement à Eugène Ionesco (1969) et au metteur
en scène Jean Dasté (1970) – fut tout naturellement attribué au
critique de théâtre Jacques Lemarchand, qualifié par Bernard Frank dans
une chronique du Monde de « premier critique d’après-guerre ». A sa mort en février 1974, la presse lui rend unaniment hommage. La Nouvelle Revue Française
(n° 257, mai 1974) offre plusieurs contributions célèbrant le souvenir
de l'homme, de l'ami, du critique théâtral (Marcel Arland, Robert
Abirached, Eugène Ionesco, Marcel Maréchal, Silvia Monfort, Bertrand
Poirot-Delpech...).
En
2003, les ayant-droits de Jacques Lemarchand ont redécouvert ses
archives qui comprennent un ensemble très conséquent de lettres envoyées
par des écrivains, des auteurs dramatiques, des acteurs mais également
des manuscrits, la dactylographie de ses critiques théâtrales, le carnet
qu’il tenait lorsqu’il était « lecteur » à la Comédie française de 1959
à 1974. Ce
corpus de documents, qui s’avère très important pour comprendre la vie
littéraire et théâtrale de l’après-guerre, a été déposé en 2006 à
l’Institut Mémoire de l’Edition Contemporaine à Caen où il peut être
consulté par les chercheurs qui en font la demande.
Enfin, le journal de Jacques Lemarchand, tenu très régulièrement de 1942 jusqu’à sa mort, est en cours de publication par les Editions Claire Paulhan.
Le tome I de ce Journal 1942-1944, « Et quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, on ne peut que passer pour un lâche et un salaud » (édition établie, introduite et annotée par Véronique Hoffmann-Martinot avec le concours de Guillaume Louet) est paru en novembre 2012. Le tome II du Journal 1944-1952, "De temps en temps je serais heureux de dire vrai et tout", édition établie, introduite et annotée par Véronique Hoffmann-Martinot, Éditions Claire Paulhan, est paru en 2016.
Enfin, le journal de Jacques Lemarchand, tenu très régulièrement de 1942 jusqu’à sa mort, est en cours de publication par les Editions Claire Paulhan.
Le tome I de ce Journal 1942-1944, « Et quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, on ne peut que passer pour un lâche et un salaud » (édition établie, introduite et annotée par Véronique Hoffmann-Martinot avec le concours de Guillaume Louet) est paru en novembre 2012. Le tome II du Journal 1944-1952, "De temps en temps je serais heureux de dire vrai et tout", édition établie, introduite et annotée par Véronique Hoffmann-Martinot, Éditions Claire Paulhan, est paru en 2016.